Cheveux frisés et le verbe haut, l’humour en bandoulière et le regard pétillant de malice, Jacques Martin fut une vedette de la télévision et, lui aussi, un homme de spectacle complet. Dès les années 1950, d’abord à Télé-Strasbourg puis, plus tard, à l’ORTF, à Antenne 2 et d’autres chaînes, il a animé bien des émissions de divertissement célèbres, comme « 1=3 » ou, en compagnie de Danièle Gilbert, « Midi magazine » (1969-1975). On se souvient de « l’école des fans » (dès 1977) où, faux naïf et prenant à partie les parents dans la salle, il parvenait à obtenir des bambins chanteurs de ces « mots d’enfants » qui faisaient la joie des familles. « Monsieur Loyal » de la télévision, il animait nos dimanches après-midis comme une revue, mêlant dans ses « Dimanches Martin » humour, variétés et reportages. Dans les années 1970, « Le Petit rapporteur » et « La lorgnette » révélèrent les dons de polémiste acerbe d’un Jacques Martin qui eut, dans ce domaine, une nombreuse postérité pas toujours aussi subtile.

   Mais Jacques Martin avait bien d’autres talents. C’était un chanteur confirmé, doté d’une voix de baryton qui aurait pu lui valoir une carrière à l’opéra. Il donnait d’ailleurs volontiers des échantillons de sa maîtrise vocale au cours de ses émissions et enregistra en 1978, en compagnie de la cantatrice Jane Rhodes et sous la direction d’Alain Lombard, une version de « La belle Hélène » où il reprenait le rôle de Ménélas. Il assura aussi la première partie du récital de Jacques Brel à l’Olympia, participa au « palmarès des chansons »et composa même, en 1968, une comédie musicale, intitulée « Petitpatapon », qui n’eut guère de succès.

   Le cinéma l’intéressa aussi, d’abord comme metteur en scène, puisqu’il réalisa un film en 1973 (« Na ! »), ensuite comme comédien. Sa carrière d’acteur, commencée au théâtre dès 1949, car il suivit les cours du grand Charles Dullin, fut plus consistante que celle de la plupart de ses confrères animateurs.

AU CINEMA :

-« L’amour avec des si » (1964)-Claude Lelouch : rôle du journaliste.

-« Comment épouser un Premier ministre ? » (1964)-Michel Boisrond : rôle d’un ami de Philippe, interprété par Jean-Claude Brialy.

-« Monsieur le Président-Directeur-Général » (1966)-Jean Girault : rôle d’un garde mobile.

-« Erotissimo » (1969)-Gérard Pirès : rôle du vendeur.

-« Sex-shop » (1972)-Claude Berri : role de Bernard, l’ami de Lucien, interprété par Jean-Pierre Marielle.

-« Na ! » (1973)-Jacques Martin : rôle de Chalupot.

-« La passante du Sans-Souci » (1982)-Jacques Rouffio : rôle de Marcel, le patron du cabaret où travaillent Elsa (Romy Schneider) et Charlotte (Dominique Labourier).

        Une carrière limitée certes, mais dépourvue des habituels « caméos » et alimentée par de vrais rôles, notamment celui du patron du cabaret, dans le beau film de Jacques Rouffio, et celui de Chalupot, qui est le personnage principal de cette œuvre réalisée par Jacques Martin lui-même, qui a pris soin d’être ici le premier servi.

A LA TELEVISION :

-« Le rescapé de Tikeroa » (1981)-Jean L’Hôte : rôle du gendarme français.

         En fait, dans ce très beau téléfilm du romancier et scénariste Jean L’Hôte, Jacques Martin interprète ,avec humour et sensibilité, le personnage principal, celui d’un gendarme français, oublié, au cours d’une tournée administrative en 1939, sur une île polynésienne. Ignorant la déclaration de guerre, il ne prendra conscience de la gravité des événements qu’avec l’arrivée dans l’île d’un bateau allemand. Carrière donc très brève à la télévision, mais qui impose Jacques Martin, là encore, comme un véritable comédien.