Avec son visage fin et ses grands yeux innocents, Christian Fourcade fut l'un des enfants acteurs les plus demandés dans les années 50. Il figurait souvent dans des films un peu larmoyants, où sa mine angélique faisait pleurer dans les chaumières.

Ce n'est d'ailleurs pas comme acteur qu'il débuta, mais comme chanteur. Il n'était en effet qu'un bambin de trois ans quand on l'entendit, pour la première fois, dans une émission de radio animée par Jean Nohain.

Il enregistrera ainsi quelques disques. En 1958, sort un 45 tours, où il interprète des chansons écrites par l'auteur-compositeur et couturier Jacques Esterel et mises en musique par Jacques Lasry et Pierre Alain, comme "Le petit serrurier" ou "Des souris et des chats". Dans un disque de 1957, Christian Fourcade "chante pour ses petits amis", comme l'annonce la manchette. Accompagné par l'orchestre d'André Grassi, il entonne des airs comme "Le p'tit bal du rodéo" ou "mon papa" (peut-être le succès de Tino Rossi, mais il faudrait vérifier).

La même année, sort un autre disque, dans lequel le jeune chanteur, accompagné par Mireille Lacoste et l'orchestre de Marc Berthomieu, interprète d'autres classiques de la chanson pour enfants, comme "La ronde des escargots" ou "Le lapin blanc. Le disque a d'ailleurs remporté le grand prix de la chanson enfantine pour 1957.

Dans deux disques de la même période,  "François sur le haut Orénoque" et "François au pôle Sud", il joue le rôle d'un enfant curieux, vibrant aux récits d'aventures que lui content  des explorateurs renommés. On l'entend notamment poser des questions, de sa petite voix enfantine, à Joseph Grelier, qui, en 1951, découvrit, avec une expédition franco-vénézuélienne, les sources de l'Orénoque.

Il incarne aussi, dans un disque sorti en 1959, le jeune Jim Hawkins, le héros de "L'île au trésor", le célèbre roman de Stevenson. Il l'enregistre aux côtés des membres de la compagnie Claude Vernick, dont Dominique Paturel, qui s'était spécialisée, à la fin des années 50, dans des récits pour enfants : des contes, comme Blanche-Neige, ou la vie de personnages historiques, comme Napoléon, ou de musiciens, comme Chopin, racontée à un jeune public.

Christian Fourcade se fait également entendre dans une série de sept disques, enregistrés en 1957, dont l'ambition est de rendre l'Histoire de France accessible à un jeune public. Dans cette "Histoire de France racontée à Juliette et à ses enfants", Christian Fourcade incarne François, l'un des enfants de Juliette, interprétée par Sophie Desmarets. Sur un texte de l'écrivain et journaliste Jean Duché et une musique du compositeur Paul Durand (à qui l'on doit notamment la musique du film "La vache et le prisonnier"), le disque narre les principaux épisodes de l'Histoire de France, depuis les Gaulois jusqu'au XIXe siècle.

CARRIERE AU THEATRE :

-"Quarante et quatre" (1952), de Jean Davray-Mise en scène de Raymond Rouleau-Théâtre Antoine.

-"Procès de famille" (1955), de Diego Fabbri-Adaptation de Michel Arnaud-Mise en scène de José Quaglio-Rôle d'Abel-Théâtre de l'Oeuvre.

Dans "Quarante et quatre", une pièce du romancier et bibliophile Jean Davray, Christian Fourcade interprète l'enfant dont la fièvre subite (d'où le titre de la pièce) est à l'origine du récit.

Il figure aussi dans la distribution de "Procès de famille", une pièce du dramaturge et scénariste italien Diego Fabbri. Il y joue le rôle d'un enfant adopté par un couple, dont la femme est stérile. Il est à noter qu'il sera remplacé, en 1956, par Patrick Maurin, qui deviendra célèbre, plus tard, sous le nom de Patrick Dewaere.

CARRIERE AU CINEMA :

-"La maternelle" (1949), d'Henri Diamant-Berger-Rôle de Dédé.

-"L'inconnue n°13" (1949), de Jean-Paul Paulin-Rôle de Jean Carrousel.

-"La Marie du port" (1950), de Marcel Carné-Rôle d'Hubert.

-"Caroline chérie" (1951), de Richard Pottier.

-"Brelan d'as" (1952), d'Henri Verneuil-Episode :" Les témoignages d'un enfant de choeur"-Rôle de Justin.

-"La jeune folle" (1952), d'Yves Allégret-Un enfant.

-"Suivez cet homme" (1952), de Georges Lampin-Rôle de Jacky.

-"Le petit garçon perdu" ("Little boy lost"-1953), de George Seaton-Rôle de Jean.

-"Le petit Jacques" (1953), de Robert Bibal-Rôle de Jacques Rambert.

-"Les compagnes de la nuit" (1953), de Ralph Habib-Rôle de Jackie Viterbo.

-"Crainquebille" (1954), de Ralph Habib-Rôle de la Puce.

-"Gamin de Paris" (1954), de Georges Jaffé.

-"La rafle est pour ce soir" (1954), de Maurice Dekobra-Rôle de Simon.

-"Napoléon" (1955), de Sacha Guitry-Rôle de Bonaparte enfant.

-"Le dossier noir" (1955), d'André Cayatte-Rôle d'Alain Le Guenn.

-"Fric-frac en dentelles" (1957), de Guillaume Radot.

-"Bonjour jeunesse" (1957), de Maurice Cam.

-"Echec au porteur" (1958), de Gilles Grangier-Rôle de Jules.

-"Les misérables" (1958), de Jean-Paul Le Chanois-Rôle de Gervais.

-"Sans famille" (1958), d'André Michel-Rôle de Jimmy Driscoll.

-"Le capitan" (1960), d'André Hunebelle-Rôle de Louis XIII.

-"Par dessus le mur" (1961), de Jean-Paul Le Chanois-Rôle de Jacques.

Christian Fourcade eut parfois des rôles notables au cinéma. Il a notamment le privilège de chanter et jouer aux côtés d'une grande star américaine, Bing Crosby en personne. Dans "Le petit garçon perdu", de George Seaton, il interprète son fils, que ce correspondant de guerre a eu avec une Française, morte durant la guerre. Le conflit terminé, il revient en France pour le retrouver.

Dans le film, on entend Christian Fourcade chanter "Le petit amiral", une chanson du compositeur aveugle Charles Humel, à qui l'on doit l'un des premiers succès d'Yves Montant, "Dans les plaines du Far West" (paroles de Maurice Vandair). Une curiosité : l'actrice Nicole Maurey chante, dans le même film, une des chansons fétiches de la grande chanteuse suédoise, et égérie du nazisme, Zarah Leander, "Mon coeur est un violon".

Dans "L'inconnue n°13", de Jean-Paul Paulin, Christian Fourcade est un petit garçon perdu, recueilli par un journaliste (René Dary), qui fait un reportage sur les clochards de Paris. Il finira par retrouver sa mère, devenue amnésique, sur un lit d'hôpital.

Il a aussi un rôle central dans le segment "Les témoignages d'un enfant de choeur", tiré du film à sketchs d'Henri Verneuil, "Brelan d'as". Il y interprète un enfant de choeur, témoin principal d'un meurtre. Il sera interrogé par le célèbre commissaire Maigret, incarné par Michel Simon.

Dans "Le petit Jacques", de Robert Bibal, Christian Fourcade décroche même le rôle principal. Il y interprète "le petit Jacques" du titre, un enfant très sensible, qui a déjà montré des dons pour la voyance. Aussi, quand son père (Jean-Pierre Kérien) est accusé d'un meurtre et condamné à mort, le jeune garçon parvient-il à démasquer le vrai coupable. Le jeune acteur tient compagnie à Yves Deniaud dans "Crainquebille", de Ralph Habib. Rejeté par le voisinage, après un injuste séjour en prison, ce marchand des quatre saisons de la pittoresque rue Mouffetard, à Paris, trouve un véritable réconfort auprès de ce gamin, le seul, dans le quartier, à lui témoigner de l'affection.

Christian Fourcade est aussi le fils de Françoise Arnoul, la "femme de mauvaise vie" des années 50, dans un autre film de Ralph Habib, "Les compagnes de la nuit". Elle y raconte à un inspecteur compréhensif (André Valmy) les brutalités que lui a fait endurer, à elle et à ses "compagnes de la nuit", l'infâme souteneur incarné par un Raymond Pellegrin habitué à ce genre de rôles (mais il a aussi campé l'un des Napoléon les plus convaincants de l'histoire du cinéma).

A ce propos, Christian Fourcade a également interprété le jeune Bonaparte, quand il ne s'appelait pas encore Napoléon tout court, dans le "Napoléon" de Sacha Guitry. Dans "Le capitan", d'André Hunebelle, il personnifie un autre souverain, le jeune Louis XIII, qui prépare l'éviction de Concini et de sa femme, la Galigaï, les favoris de sa mère, Marie de Médicis. La fluette silhouette de l'acteur convient bien à la fragile constitution d'un monarque qui, comme son ministre Richelieu, passera sa vie dans les maladies.

Dans "La rafle est pour ce soir", l'unique réalisation, pour le cinéma, du romancier Maurice Dekobra, l'immortel auteur de "La madone des sleepings", qui s'inspire ici de Maupassant, Christian Fourcade incarne un  petit garçon auquel la cruauté de ses camarades, qui se moquent de sa mère célibataire, donne des envies de suicide. Il en sera sauvé par la bonté d'un forgeron (Maurice Maillot), qui finit par l'adopter.

A noter encore son rôle de Julot, dans "Echec au porteur", de Gilles Grangier, où il incarne un gamin s'emparant par erreur d'un ballon contenant une bombe. Dans la version, bien académique, que donne Jean-Paul Le Chanois des "Misérables" de Victor Hugo, Christian Fourcade est ce petit ramoneur savoyard auquel Jean Valjean (Jean Gabin), qui vient de voler Mgr Myriel, l'évêque qui l'a hébergé au sortir du bagne, dérobe une pièce. Le remords provoqué par cette mauvaise action va modifier le cours entier de sa vie.

Il paraît encore dans l'adaptation, par André Michel, d'un grand classique de la littérature enfantine, le "Sans famille" d'Hector Malot. Il y joue le rôle d'un des membres de cette famille Driscoll, qui se font passer pour les vrais parents du jeune Rémi, le héros du livre, mais qui, en réalité, ne sont que des usurpateurs.

En 1961, alors qu'il n'a pas encore 20 ans, Christian Fourcade tourne un dernier film, "Par-dessus le mur", sous la direction de Jean-Paul Le Chanois. Il connaît là le destin de la plupart des enfants acteurs, qui ne parviennent pas à poursuivre leur carrière cinématographique à l'âge adulte.

CARRIERTE A LA TELEVISION :

-"Le petit Poucet" (1954), de Jean-Paul Carrère-Rôle du petit Poucet.

-"The boy who found Christmas" (1955), de Marcel Cravenne-Dans le cadre de la série "Captain Gallant of the foreign legion"-Rôle d'Abdullah.

-"L'énigme du temple" (1956), de Guy Lessertisseur et Stellio Lorenzi-Dans le cadre de la série "Enigmes de l'Histoire".

-"S'Waisechind vo Engelberg" (1956), d'Herman Kugelstadt-Rôle de Peter.

-"Les grands" (1957), d'André Leroux-Dans le cadre de l'émission "Plaisir du théâtre".

-"L'affaire Troppmann ou les ruines de Herrenfluh" (1959), de Claude Barma-Dans le cadre de l'émission "En votre âme et conscience"-Rôle de Frémion.

-Merlusse (1965), de Georges Folgoas-Rôle de Gélubert.

-"La cravache d'or" (1969), série d'André Michel-Joue dans 6 épisodes.

-"Valérie" (1974), série de François Dupont Midy-Rôle de Germain-Joue dans 2 épisodes.

Christian Fourcade a eu quelques rôles notables à la télévision, comme celui du petit Poucet, dans le téléfilm du même nom de Jean-Paul Carrère, aux côtés de Jacques Charon et Laurence Badie.

Il tourne parfois dans des séries étrangères, comme cet épisode de "Captain Gallant of the foreign legion", qui raconte les aventures d'un officier de la Légion étrangère, une série interprétée par Buster Crabbe, qui fut le plus convaincant des Tarzan de l'écran. Dans cet épisode, Christian Fourcade tient le rôle d'un jeune Marocain, la série se déroulant en Afrique du Nord. On le voit aussi dans un téléfilm allemand, "S'Waisechind vo Engelberg", d'Herman Kugelstadt, où il donne la réplique à Gustave Knuth, qui interprétait le duc de Bavière, père de Sissi, dans la célèbre série de films qui fit connaître Romy Schneider.

Dans le téléfilm que Georges Folgoas tire de "Merlusse", le film tourné en 1935 par Marcel Pagnol, Christian Fourcade incarne l'un des grands élèves de l'établissement scolaire dans lequel Monsieur Blanchard, surnommé "Merlusse" parce que, d'après les enfants, il sent la morue, est un surveillant redouté. C'est Georges Wilson qui reprend le rôle tenu par Henri Poupon dans le film de Pagnol.

Et c'est avec "Valérie", un feuilleton de François Dupont-Midy aux accents de mélodrame, diffusé en 1974, avec Gisèle Casadesus et Sylvie Milhaud, que Christian Fourcade, à peine dans la trentaine, met un terme définitif à sa carrière de comédien.