On a sans doute bien oublié Marianne Lecène qui, l'espace d'un instant, fut, en 1957, une éphémère speakerine. On la voit interviewée par Pierre Tchernia, en décembre 1957, dans le cadre d'une émission où il rencontre l'ensemble des speakerines. Il lui demande comment on l'a engagée. Marianne Lecène répond qu'on lui a demandé d'annoncer quelques émissions et qu'elle n'a pas trouvé cela très amusant. On essaie de la piéger en lui indiquant, au dernier moment, que le dessin animé qu'elle doit annoncer n'aura pas lieu, remplacé par l'interview d'un ministre. Histoire de tester son sang-froid et sa capacité d'improvisation. Pierre Tchernia se fait l'interprète d'une téléspectatrice qui veut savoir si, pour Marianne Lecène, il y a une grande différence entre le métier de speakerine et celui de comédienne, qui fut aussi le sien (j'en reparlerai dans cet article). Pour Marianne Lecène, une speakerine est d'abord très solitaire et elle est vouée à l'immobilité. En plus, elle trouve cette activité un peu monotone, avec des textes limités souvent aux titres et horaires des diverses émissions (c'est sans doute pour cela qu'elle ne poursuivit l'expérience que quelques mois). Autre question métaphysique: quel maquillage utilise la speakerine Marianne Lecène? Et on apprend que si Catherine Langeais et jacqueline (Caurat ou Huet?) mettent du fond de teint, Marianne Lecène préfère, elle, la poudre. Puis Pierre Tchernia, curieux, demande à la jeune femme de se maquiller devant la caméra. Marianne, très naturelle et pleine de fraîcheur, reconnaît que, de toute façon, elle n'est pas très adroite dans cet exercice( l'interview va de 9.13 à 11.50).

              Marianne Lecène présentera, ici ou là, quelques émissions, comme le concours Eurovision de 1958 ou un programme animalier, "L'école des bêtes", en compagnie d'un certain Thierry Roland.

              Mais, on l'a dit, Marianne Lecène a commencé, comme beaucoup de ses consoeurs, par être comédienne.

CARRIERE AU CINEMA:

-"Les fruits sauvages" (1954), d'Hervé Bromberger-Rôle d'Anna.

-"Les premiers outrages" (1955), de Jean Gourguet-Rôle de Françoise.

-"A house of sand" (1962), de Robert Darwin-Rôle de la speakerine.

               On le voit, une bien bève carrière. En effet, si l'on excepte son rôle dans "A house of sand", où elle se contente d'être elle-même, elle n'a vraiment tenu au cinéma que deux rôles, mais assez étoffés. Dans "Les fruits sauvages", d'Hervé Bromberger, elle hérite, à 17 ans, d'un rôle important, celui d'Anna, l'amie puis la maîtresse de Michel Reynald, qui, avec ses autres frères, s'enfuit avec Maria, alias Estella Blain, qui vient de tuer leur père violent. Bientôt, Anna attend un enfant, et la fratrie est retrouvée par les gendarmes qui les ramènent chez eux, à l'exception de Maria, qui se suicide. Puis elle tourne "les premiers outrages", sous la direction de Jean Gourguet, spécialiste des comédies un peu grivoises. Elle y incarne une jeune servante un peu trop accorte, qui séduit Maurice Sarfati, le fils de la maison.

              Marianne lecène poursuivra son expérience de comédienne sur le petit écran.

CARRIERE A LA TELEVISION:

-"Sylvie et le fantôme" (1954), de Stellio Lorenzi-Rôle de Sylvie.

-"Un Don Juan" (1958), de Claude Dagues-Rôle d'une jeune femme.

-"Les deux orphelines" (1961), de Youri- Rôle d'Henriette.

                Marianne Lecène hérite du très beau rôle de Sylvie, cette jeune femme romantique qui, dans le château de son père, fait revivre le fantôme du jeune chasseur qui se fit tuer par amour pour sa grand-mère. Elle prend la succession d'Odette Joyeux, qui était admirable dans le très beau film d'Autant-Lara, magnifié par la musique sublime de René Cloërec et tiré de la pièce d'Alfred Adam et où Jacques Tati, avant M. Hulot, incarnait le fantôme. Elle a aussi, aux côtés de la douce Anne Doat, un des deux rôles principaux dans "Les deux orphelines", de Youri (plus connu comme scénariste), d'après la célèbre pièce d'Eugène Cormon et Adolphe d'Ennery, celui d'une des deux orphelines, Henriette, qui accompagne à Paris Louise, sa soeur aveugle, dans l'espoir de la faire soigner.

               Marianne Lecène monta enfin une fois sur les planches.

CARRIERE AU THEATRE:

-"Azouk" (1953), d'Alexandre Rivemale-Mise en scène de Jean-Pierre Grenier-Théâtre Fontaine-Rôle de Mimi.

               "Azouk" est une pièce d'Alexandre Rivemale, montée par la très talentueuse Compagnie Grenier-Hussenot, au théâtre Fontaine, à Paris. Alexandre Rivemale a écrit d'autres pièces, comme "Nemo" (1956) ou "Le mobile" (1960), toujours pour la Compagnie Grenier-Hussenot ou "Hier à Andersonville" (1966), mise en scène par Raymond Rouleau au Théâtre de Paris.  Marianne Lecène a le rôle principal dans cette comédie, où elle donne la réplique à Roger Carel, Olivier Hussenot, Paul Crauchet et Paul Préboist.