Une beauté sculpturale, soulignée par des robes moulantes, un maquillage appuyé et des poses alanguies, tout, chez Sylvia Lopez, rappelle l'image de ces starlettes des années 50, dont la photo en maillot de bain, sur une plage de Cannes, fait un temps la une des journaux à sensation.

Ce physique à la Anita Ekberg destinait Sylvia Lopez à devenir mannequin. Et, de fait, elle est remarquée par le célèbre couturier Jacques Fath, celui qui habillait la "Parisienne chic". Cette carrière dans la mode lui vaut de figurer dans le prestigieux magazine "Vogue".

Et pourtant, la mode semble être une carrière par défaut. En effet, Sylvia Lopez, qui se faisait alors appeler Sylvia Sinclair, aurait voulu être danseuse. Et elle n'avait pas la cervelle de moineau qui, selon les méchantes langues, est l'apanage des starlettes. De fait, elle parle pas moins de six langues.

Mais sa grande chance est la rencontre avec Francis Lopez. C'est lui qui créa les grands succès de Luis Mariano que sont "La belle de Cadix" ("La belle de Cadix a des yeux de velours...") et "Le chanteur de Mexico".

Elle l'épouse et c'est le compositeur qui lance en partie sa carrière au cinéma. Une carrière météorique : huit films en trois ans, de 1956 à 1959.

CARRIERE AU CINEMA :

-"Baratin" (1956), de Jean Stelli-Rôle de Patricia.

-"Cinq millions comptant" (1956), d'André Berthomieu-Rôle de Loulou.

-"Mademoiselle et son gang" (1957), de Jean Boyer-Rôle de Marie-Christine.

-"Tabarin" (1958), de Richard Pottier-Rôle de Florence.

-"Le roi cruel" (1959), de Victor Tourjansky-Rôle de Myriam.

-"Hercule et la reine de Lydie" ("Ercole e la regina di Lidia") (1959), de Pietro Francisci-Rôle d'Omphale.

-"Le fils du corsaire rouge" ("Il figlio del corsaro rosso") (1959), de Primo Zeglio-Rôle de Carmen de Montélimar.

-"Le moraliste" ("Il moralista") (1959), de Giorgio Bianchi.

Le principal titre de gloire de Sylvia Lopez au cinéma est son incarnation de la perfide Omphale, la reine de Lydie qui, dans le péplum "Hercule et la reine de Lydie", fait enlever Hercule lui-même, incarné par le grand spécialiste du genre Steve Reeves, avec lequel, selon certains, l'actrice aurait eu une brève liaison.

Avant ce coup d'éclat, elle avait commencé sa carrière en France, dans quelques films sans éclat. Dans "Baratin", de Jean Stelli, elle incarne Patricia, la fille d'un homme d'affaires, qui tombe dans les bras de François (Jacques Harden), l'ami d'un camelot de Montmartre, interprété, avec son bagout habituel, par le cher Roger Nicolas.

"Cinq millions comptant", de l'ami Berthomieu, est une aimable pochade, dans laquelle Sylvia Lopez incarne Loulou, l'animatrice de l'émission de radio que Ded Rysel  (un fantaisiste bien oublié aujourd'hui), directeur d'une institution de jeunes filles, présente à l'insu de son entourage.

Puis elle tient un petit rôle, celui d'une jeune femme snob, dans "Mademoiselle et son gang", l'un des des grands succès de Line Renaud qui, rappelons-le, a débuté sa carrière au cinéma en 1946 (comme elle a encore tourné, l'année dernière, dans le film de Christian Carion, "Une belle course", voilà donc 75 ans qu'elle fréquente les plateaux de cinéma !).

La fin de sa brève carrière, Sylvia Lopez la passe en Italie. Outre "Hercule", elle apparaît dans un film biblique de Victor Tourjansky, "Le Roi cruel", où elle interprète Marianne, l'épouse infortunée d'Hérode le Grand , Roi de Judée au Ier siècle avant J.-C., qu'il fit exécuter.

Puis elle participe, aux cotés de Lex Barker, à un film de pirates flamboyant, "le fils du corsaire rouge".

A cette date, la santé de l'actrice s'est déjà dégradée. Après une apparition dans "Le moraliste", en compagnie d'Alberto Sordi, elle ne peut participer au tournage du film de Michel Boisrond, "Voulez-vous danser avec moi ?", avec Brigitte Bardot et Henri Vidal.

Et le 20 novembre 1959, dix jours après son vingt-sixième anniversaire, Sylvia Lopez est emportée par une leucémie foudroyante.

La chanson de Françoise Hardy, "Mon amie la rose" (paroles de Cécile Caulier, musique de Cécile Caulier et Jacques Lacorne) aurait été inspirée par le brusque décès, en pleine jeunesse, de Sylvia Lopez. "On est bien peu de chose, et mon amie la rose me l'a dit ce matin...".