Durant toute sa carrière, Suzanne Grey est vraiment restée dans l'ombre de sa célèbre mère, la délicieuse Denise Grey. Elle l'accompagnait souvent sur les planches et dans de multiples tournées, dont Denise Grey raffolait. Elles pouvaient alors tricoter de conserve, et la fille pouvait garder un oeil attendri sur sa maman nonagénaire.

                          Elle est la fille d'Henri Bara, qui se tue sur son hors-bors alors qu'elle a peine deux ans.

                          On la voit au cinéma durant plus de quarante ans, mais elle reste toujours au second plan.

CARRIERE AU CINEMA:

-"L'éventail" (1947), d'Emil E. Reinert.

-"Jo la romance" (1949), de Gilles Grangier-Rôle de la fille.

-"Les orphelins de Saint-Vaast" (1949), de Jean Gourguet.

-"Zone frontière" (1950), de Jean Gourguet-Rôle de Marcelle.

-"Ma pomme" (1950), de Marc-Gilbert Sauvajon-Rôle de la patronne.

-"Tapage nocturne" (1951), de Marc-Gilbert Sauvajon-Rôle de la soubrette.

-"Casque d'or" (1952), de Jacques Becker-Rôle d'une fille à la guinguette.

-"La tournée des grands-ducs" (1953), d'André Pellenc-Rôle de la barmaid.

-"Maternité clandestine" (1953), de Jean Gourguet-Rôle de l'infirmière.

-"Les révoltés de Lomanach" (1954), de Richard Pottier.

-"Raspoutine" (1954), de Georges Combret-Rôle de l'employée aux bains.

-"Poisson d'avril" (1954), de Gilles Grangier-Rôle de la voisine.

-"La cage aux souris" (1954), de Jean Gourguet-Rôle de la Chouette.

-"Madame du Barry" (1954), de Christian-Jaque-Rôle de Mlle du Barry.

-"Sophie et le crime" (1955), de Pierre Gaspard-Huit-Rôle de la locataire.

-"Ces sacrées vacances" (1954), de Robert Vernay-Rôle de la voisine.

-"Les carottes sont cuites" (1956), de Robert Vernay.

-"Les lumières du soir" (1956), de Robert Vernay.

-"Fumée blonde" (1957), de Robert Vernay.

-"C'est la faute d'Adam" (1958), de Jacqueline Audry.

-"En cas de malheur" (1958), de Claude Autant-Lara-Rôle de la fleuriste.

-"La traversée de la Loire" (1962), de Jean Gourguet.

-"La difficulté d'être infidèle..." (1964), de Michel Toublanc-Michel.

--"Patate" (1964), de Robert Thomas-Rôle de Madame Turgot.

-"On a retrouvé la 7e compagnie" (1975), de Robert Lamoureux.

-"N'oublie pas ton père au vestiaire..." (1982), de Richard Balducci-Rôle de la mère de Bruno.

-"Chômeurs mais on s'soigne" (1998), de Laurent Thomas-Rôle de Mémé.

                      On en conviendra, voilà une carrière bien modeste. Jamais de rôles de premiers plans, ni même de silhouettes pittoresques ou mémorables. Non, des voisines, des fleuristes, des serveuses ou des infirmières. Certains réalisateurs semblent l'apprécier, comme Jean Gourguet, le roi des mélodrames coquins. Son premier film relate un vol de jarretelles. C'est dire l'ambition de ce cinéaste. Suzanne Grey a un  rôle un peu plus important dans "Zone frontière", aux côtés de Perrette Souplex, et, dans "La cage aux souris", avec Dany Carrel, elle incarne, sous l'Occupation,  une enseignante dans un pensionnat de jeunes filles dirigé par une femme acquise à la collaboration.

                    Suzanne Grey travaille aussi beaucoup sous la direction de Robert Vernay, spécialiste d'un cinéma populaire bon enfant, du "Capitan" à "Fantômas" en passant par "Le comte de Monte-Cristo". Mais elle ne fait , dans les films qu'elle tourne avec lui, que des apparitions fugitives, pas toujours créditées au générique. En fin de carrière, Suzanne Grey sombre dans un cinéma vulgaire et racoleur qui n'ajoute rien à sa gloire.

                   Sans doute le théâtre lui a-t-il apporté plus de satisfactions.

CARRIERE AU THEATRE:

-"Tapage nocturne" (1951), de Marc-Gilbert Sauvajon-Mise en scène de Jean Wall-Rôle d'Estelle-Théâtre Edouard VII.

-"Enfant du miracle" (1952), de Paul Gavault-Mise en scène de René Rocher-Rôle de Marguerite-Théâtre de l'Appolo.

-"Le médecin malgré elle" (1952), de Marie-Louise Villiers-Mise en scène de Robert Murzeau-Théâtre des Célestins.

-"Nekrassov" (1955), de Jean-Paul Sartre-Mise en scène de Jean Meyer-Rôle de Madame Bounoumi-Théâtre Antoine.

-"L'ombre" (1956), de Julien Green-Mise en scène de Jean Meyer-Rôle d'Emma Escridge-Théâtre Antoine.

-"Pacifico" (1958), opérette de Paul Nivoix et Camille François pour le livret et Jo Moutet pour la musique-Mise en scène de Max Revol-Rôle de Mme Dolorosa-Théâtre de la Porte Saint-Martin.

-"Blaise" (1959), de Claude Magnier-Mise en scène de Jacques Mauclair-Rôle d'Ariane-Théâtre des Nouveautés.

-"L'invitation au château" (1962), de Jean Anouilh-Mise en scène d'André Barsacq-Théâtre de l'Atelier.

-"Bon week-end Mr Bennett" (1962), d'Arthur Watkyn-Mise en scène de Michel Vitold-Théâtre de la Gaîté-Montparnasse.

-"Fraude qui peut" (1966), de Pierre de Las Hies-Mise en scène de Philippe Janvier-Rôle de Berthe Durdurrel-Théâtre des Arts.

-"Les enfants d'Edouard" (1970), de Marc-Gilbert Sauvajon, d'après Frederick J. Jackson et Roland Bottomley-Mise en scène de Jean-Paul Cisife-Rôle de Madame Duchemin-Théâtre des Bouffes-Parisiens.

"Pauvre France" (1974), de Ron Clark et Sam Bobrick-Adaptation  de Jean Cau-Mise en scène de Michel Roux-Rôle de Béatrice-Théâtre des Nouveautés.

-"Le mari, la femme et la mort" '1974), d'André Roussin-Mise en scène de Louis Ducreux et André Roussin-Théâtre Antoine.

-"La fessée" (1975), de Jean de Létraz-Tournées Charles Baret.

-"Cinéma parlant" (1996), de Julien Vartet-Mise en scène de Daniel Colas-Rôle de Marie-Théâtre des Mathurins.

                        La carrière théâtrale de Suzanne Grey lui permet en effet de composer des personnages plus intéressants qu'à l'écran. Ainsi, dans  "Nékrassov", une des rares comédies de Sartre, mise en scène par Jean Meyer, elle tient un salon renommé. Dans "L'ombre", de Julien Green, elle est Mrs Escridge, représentante de la bonne société de Liverpool. Claude Magnier, auteur dramatique, mais aussi scénariste et acteur, lui offre le rôle de l'excentrique Ariane Clarens dans "Blaise", aux côtés de Micheline Dax et Marie-José Nat.

                     Suzanne Grey semble affectionner un théâtre de boulevard de bonne facture, avec des classiques comme "L'invitation au château" d'Anouilh ou "Les enfants d'Edouard", de Marc-Gilbert Sauvajon, où elle incarne une bourgeoise très convenable et formaliste, qui refuse que ses enfants entrent dans une famille dont le père, un certain "Edouard", n'est que le produit de l'imagination fertile de l'héroïne de la pièce, qui voulait cacher, par ce moyen commode, ses aventures sentimentales à ses enfants. Elle joue par ailleurs une femme infidèle qui, dans "Pauvre France!", adaptée par Jean Cau d'une pièce américaine, découvre en plus l'homosexualité de son fils.

                  A noter enfin la participation de Suzanne Grey à "Pacifico", l'opérette de Paul Nivoix et Camille François, où elle partage l'affiche avec Bourvil et Georges Guétary.

                  Suzanne Grey est aussi apparue sur le petit écran.

CARRIERE ALATELEVISION:

-"Madame Sans Gêne" (1963), de Claude Barma-Rôle d'Aldobrandini.

-"Les enfants d'Edouard" (1969), de Marc-Gilbert Sauvajon, d'après Frederick J. Jackson et Roland Bottomley-Mise en scène de Jean-Paul Cisife-Dans le cadre de l'émission "Au théâtre ce soir"-Rôle de Mme Duchemin-Réalisation de Pierre Sabbagh.

-"La porteuse de pain" (1973), de Marcel Camus-Rôle d'une soeur.

-"Byron libérateur de la Grèce ou le jardin des héros" (1973), de Pierre Bureau-Rôle de la dame du "Times".

-"Un curé de choc" (1974), de Philippe Arnal.

-"Esprit de suite" (1977), de Jean Hennin-Dans le cadre de la série "Cinéma 16".

-"La double vie de Théophraste Longuet" (1981), de Yannick Andréi-Rôle de Mme Sampic.

-"Toutes griffes dehors" (1982), de Michel Boisrond.

-"Les deux virus" (1989), de Bruno Gantillon-Rôle d'Antoinette.

-"La vie Nathalie" (1989), de Pierre Goutas-Rôle de Nina.

-"Archibald" (1991), de Jean-François Claire et alii-Rôle d'Anaïs.

                   Comme toutes les comédiennes de théâtre, Suzanne Grey figure dans des adaptations télévisées de ses succès de scène: c'est le cas des "Enfants d'Edouard", repris dans le cadre de la célèbre émission "Au théâtre ce soir". Par ailleurs, le petit écran ne lui offre également que des silhouettes, souvent très fugitives: une religieuse dans la version de "la porteuse de pain" de Marcel Camus, avec Martine Sarcey, une lectrice de journal dans "Byron libérateur de la Grèce...", de Pierre Bureau.

                 Les petits rôles qu'on lui confie lui permettent surtout, à la télévision comme ailleurs, d'accompagner Denise Grey et de veiller sur elle. C'est par exemple le cas de l'épisode de "Cinéma 16" intitulé "Esprit de suite".